M. le président. La parole est à Christine Pires Beaune, pour exposer sa question, no 1113, relative à l’hélicoptère Dragon 63.
Mme Christine Pires Beaune.
Permettez-moi de commencer par déplorer l’absence du ministre
Christophe Castaner et du secrétaire d’État Laurent Nunez à qui ma
question s’adresse.
Que s’est-il passé, madame Vidal ? Qui a pris
cette décision concernant l’hélicoptère Dragon 63 et sur quels éléments
se fonde-t-elle ? Ces questions toutes simples, je les ai posées au
directeur général de la sécurité civile, M. Thirion, lorsqu’il s’est
rendu en urgence à Clermont-Ferrand la semaine dernière, mais je n’ai
pas obtenu de réponse. Je n’en ai pas obtenu davantage à cette autre
question toute simple : quand le Dragon 63 doit-il s’envoler pour
rejoindre la base de Mende ?
Ce projet a fait couler beaucoup
d’encre en quelques jours. Le ministre y a mis un terme et je l’en
remercie sincèrement. Le Dragon 63 restera basé à Clermont-Ferrand et
continuera de couvrir les quatre départements auvergnats dont l’Allier,
où la pénurie de médecins se fait encore plus cruellement sentir
qu’ailleurs. Il continuera donc de protéger les Auvergnats et les très
nombreux touristes que nous accueillerons cet été.
Les élus
locaux mais aussi les parlementaires de toutes tendances confondues ont
été meurtris d’apprendre eux aussi, au détour d’un article de presse, la
nouvelle de ce déplacement décidé unilatéralement dans un bureau
parisien. Devant la bronca des élus, M. Castaner a dépêché en
catastrophe le directeur général de la sécurité civile pour éteindre
l’incendie qu’il avait allumé alors que la préfète de Lozère jetait de
l’huile sur le feu par son tweet ravageur !
Cette décision a été
prise à Paris, sans aucune concertation locale ! Hier matin, encore, le
directeur du centre hospitalier universitaire et le chef du SAMU
n’avaient reçu aucune information officielle, alors que des partenariats
intelligents ont été noués entre la protection civile et plusieurs
opérateurs dans le département. Encore une fois, je vous remercie
sincèrement mais cette fâcheuse histoire, qui se termine bien, illustre
une fois de plus le mal qui ronge notre pays : l’exercice vertical du
pouvoir. Il s’agit certes d’une compétence régalienne, mais cela ne
signifie pas que Paris doit tout régler. Quels enseignements
tirerez-vous de cet épisode peu glorieux ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Il ne s’agit pas d’une décision unilatérale prise sans concertation,
madame la députée. La flotte d’hélicoptères de la sécurité civile
connaît une situation de tension suite à deux accidents récents : celui,
en décembre, du Dragon 30 dans les Bouches-du-Rhône, qui a coûté la vie
aux trois membres de l’équipage, et celui, début juin dans les
Pyrénées-Atlantiques, du Dragon 64 qui sera durablement immobilisé.
Pour
faire face à cette situation, le Gouvernement s’est engagé à long
terme, dans le cadre du plan de relance pour l’aéronautique, à acquérir
deux nouveaux hélicoptères de type EC145 devant être livrés avant la
fin 2021. Cette acquisition permettra de rendre une marge de manœuvre
opérationnelle aux bases et de préserver celles qui connaissent la plus
forte tension opérationnelle. L’effort budgétaire est considérable ; il
apporte la preuve concrète du volontarisme du Gouvernement en la
matière.
À plus brève échéance, la perspective de la mise en
veille de la base d’hélicoptères de Clermont-Ferrand constituait une
solution transitoire destinée à ne couvrir que la période estivale de
juillet et août 2020. Je précise que le caractère pérenne du
stationnement à l’année de l’hélicoptère à Clermont-Ferrand n’a jamais
été remis en cause.
Cependant, le ministre de l’intérieur, comme
tous les membres du Gouvernement, est capable d’entendre les problèmes
que dénoncent les élus locaux. Nous avons entendu l’émoi suscité
localement par cette fermeture temporaire. C’est pourquoi le ministre a
demandé au directeur général de la sécurité civile et de la gestion des
crises de se rendre sur place le 26 juin, au contact des élus et des
acteurs locaux, pour réévaluer la situation. Le directeur général a
rendu compte de ses échanges et c’est sur la base de son rapport que le
ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a décidé de revenir sur
cette décision et de confirmer que l’hélicoptère Dragon 63 restera bien
basé à Clermont-Ferrand.
C’est donc un appareil de la gendarmerie
nationale qui sera positionné à Mende pour couvrir la mission de
secours indispensable dans cette zone. Sachez que le Gouvernement est
toujours très attentif à la couverture optimale des besoins de secours
partout en France, et qu’il continuera d’être à l’écoute des territoires
et des élus locaux pour, chaque fois, trouver les meilleures solutions
permettant d’assurer la sécurité de tous nos concitoyens.
M. le président. La parole est à Mme Christine Pires Beaune.
Mme Christine Pires Beaune.
Je vous remercie, madame la ministre, d’avoir rappelé le déroulement
des faits. J’ai participé à la réunion qui s’est déroulée à la
préfecture avec M. Thirion : tous les éléments que vous citez sont
exacts. Je suis heureuse que nous soyons parvenus à faire comprendre au
ministre que ce qui était prévu ne pouvait pas se faire.
Je suis
néanmoins en désaccord avec vous sur un point : la concertation. Vous
lirez les comptes rendus dans la presse : il n’y a pas eu de
concertation. Tous les élus, du président du conseil départemental aux
maires et aux parlementaires, tous l’ont dit, et c’est aussi cette
absence de concertation qui a beaucoup choqué – d’où ma question sur
l’exercice vertical du pouvoir, à laquelle vous n’avez, hélas, pas
répondu.
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